Sol argileux craquelé

Les terrains argileux superficiels peuvent voir leur volume varier à la suite d'une modification de leur teneur en eau, en lien avec les conditions météorologiques.

Ils se « rétractent » lors des périodes de sécheresse (phénomène de « retrait ») et gonflent au retour des pluies lorsqu’ils sont de nouveau hydratés (phénomène de « gonflement »).

Ces variations sont lentes, mais elles peuvent atteindre une amplitude assez importante pour endommager les bâtiments localisés sur ces terrains.

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles engendre chaque année des dégâts considérables, indemnisables au titre des catastrophes naturelles. La grande majorité des sinistres concerne les maisons individuelles.

Exposition du territoire au phénomène

La carte d’exposition du territoire au phénomène de retrait-gonflement des argiles a pour but d’identifier les zones exposées au phénomène où s’appliqueront les dispositions réglementaires introduites par l'article 68 de la loi ELAN.

La carte d’exposition présentée ici :

  • remplace l'ancienne (avant 2019) carte d'aléa (publiée entre 2001 et 2020) ;
  • requalifie l’exposition de certains territoires au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux.

Cartographie de l'exposition au phénomène

Contenu

La cartographie de l'exposition du territoire au phénomène de retrait-gonflement des argiles a pour but d’identifier les zones exposées au phénomène afin de contribuer à diminuer le nombre de sinistres qu'il provoque.

Elle a été mise au point à partir de deux sources de données :

  • la carte de susceptibilité réalisée par le BRGM à l’issue du programme de cartographie départementale de l’aléa retrait-gonflement des argiles conduit de 1997 à 2010 ;
  • les données actualisées et homogénéisées de la sinistralité observée, collectées par la Mission Risques Naturels (MRN).

 

Cartographie de l'exposition du territoire au phénomène de retrait gonflement :  48 % du territoire est en zone d'exposition moyenne ou forte © BRGM

 

La carte hiérarchise les zones exposées selon un degré d'exposition croissant : faible, moyen et fort.

Le degré d'exposition des zones au phénomène de retrait-gonflement est le produit de leur susceptibilité et de la sinistralité effectivement observée :

  • exposition faible =
    • susceptibilité faible x sinistralité faible ;
  • exposition moyenne =
    • susceptibilité faible x sinistralité moyenne ou forte ;
    • susceptibilité moyenne x sinistralité faible ou moyenne ;
  • exposition forte =
    • susceptibilité moyenne x sinistralité forte ;
    • susceptibilité forte x  sinistralité faible ou moyenne ou forte.

Susceptibilité du territoire au phénomène

Contenu

La cartographie de la susceptibilité du territoire au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux utilisée pour réaliser la carte d'exposition permet d'identifier les formations argileuses a priori sujettes au phénomène de retrait-gonflement et de les hiérarchiser selon un degré de susceptibilité croissant.

Elle a été mise au point à partir d'une analyse des cartes géologiques de la France au 1/50 000, qui a permis d’identifier plus de 2 000 formations argileuses affleurantes ou sub-affleurantes.

Ces formations ont ensuite été réparties en trois classes de susceptibilité croissante (faible, moyenne et forte), définies par la somme de trois critères de caractérisation des formations :

  • leur nature lithologique : proportion d'argiles, épaisseur et continuité des couches ;
  • leur composition minéralogique : composition des argiles en minéraux plus ou moins sensibles ;
  • leur comportement géotechnique : propriétés mécaniques.

 

Cartographie de la susceptibilité du territoire au phénomène de retrait gonflement : 24% du territoire est en zone de susceptibilité moyenne ou forte © BRGM

Sinistralité observée

Contenu

Les données de la sinistralité observée utilisées pour réaliser la carte d'exposition du territoire au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux sont issues de la base des Sinistres Indemnisés Liés aux Evènements Climatiques (SILECC) de la Mission Risques Naturels.  

Cette base, représentative d'environ 70% du marché de l'assurance, recense près de 180 000 sinistres indemnisés au titre de la garantie Cat Nat "sécheresse" sur la période 1989-2017.

Elle a servi de base au calcul de la densité de sinistres par formation argileuse dans les zones urbanisées et à la hiérarchisation de celles-ci selon un degré de sinistralité croissant :

  • sinistralité faible = densité de sinistre au km² urbanisé inférieure à 2 ;
  • sinistralité moyenne = densité de sinistre au km² urbanisé comprise entre 2 et 10 ;
  • sinistralité forte = densité de sinistre au km² urbanisé supérieure à 10.

 

Pour prendre en compte les 18 000 sinistres recensés hors zone argileuse (9% du total), un tampon de 100 mètres autour de chaque formation argileuse a été appliqué, puis les sinistres ont été rattachés à la formation argileuse la plus proche (dans le périmètre du tampon). Cette méthode a permis de rattacher 5% des sinistres survenus hors zone argileuse à des zones d'exposition moyenne ou forte.

Au final, on observe que 93% des sinistres recensés sont survenus dans des zones d'exposition moyenne (38%) ou forte (55%).

Limite d'utilisation de la carte d'exposition

Contenu

L’échelle de validité de la carte d'exposition est celle de la donnée de base utilisée pour la réalisation de la carte de susceptibilité, à savoir les cartes géologiques à l’échelle 1/50 000.

Le degré de précision et de fiabilité de la carte de susceptibilité est limité :

  • par la qualité de l’interprétation qui a permis leur élaboration (identification et hiérarchisation des formations à composante argileuses) ;
  • et surtout par la qualité des observations qui ont permis la réalisation des cartes géologiques, point de départ de l’étude. En particulier, les hétérogénéités lithologiques, qui caractérisent de nombreuses formations géologiques, ne sont pas toujours bien identifiées sur les cartes actuellement disponibles.

 

Les cartes géologiques sont initialement levées sur des fonds topographiques à l’échelle du 1/25 000. La précision du report des limites d’affleurement est donc satisfaisante à l’échelle du 1/50 000. En revanche, il ne faut jamais perdre de vue qu’une carte géologique comporte une part de subjectivité liée à l’expertise propre de l’auteur et que, en particulier, les formations les plus superficielles peuvent faire l’objet d’interprétations diverses d’une feuille à l’autre.

Le travail d’harmonisation et de correction des cartes géologiques, en vue d’établir la cartographie des formations à composante argileuse, permet de gommer une partie de ces différences d’interprétation et de rectifier certains contours pour intégrer la connaissance issue de sondages récents. Il n’en demeure pas moins que la cartographie ainsi élaborée reflète l’état des connaissances au moment de sa publication. Des investigations complémentaires permettraient probablement de corriger certaines limites d’affleurement, voire d’identifier de nouvelles poches ou plaquages argileux non représentés sur les cartes actuellement disponibles.

Ces considérations sont importantes car elles expliquent pourquoi la carte de susceptibilité ainsi élaborée ne peut en aucun cas prétendre refléter en tout point l’exacte nature des terrains présents en surface ou sub-surface :

  • en particulier il n'est pas exclu que, sur les secteurs considérés hors zone argileuse (qui sont présentés sans figuré spécifique sur les cartes d’aléa), se trouvent localement des zones argileuses d’extension limitée. Celles-ci peuvent être liées à l’altération localisée des calcaires, à des lentilles argileuses intercalées ou à des placages argileux non cartographiés, correspondant notamment à des amas glissés en pied de pente. A l’échelle de la parcelle constructible, elles sont en tout cas de nature à provoquer des sinistres isolés.
  • inversement, il est possible que, localement, certaines parcelles situées pourtant dans un secteur dont la susceptibilité au retrait-gonflement des argiles a été évaluée globalement comme non nulle (faible, moyenne ou forte) soient en réalité constituées de terrains non sensibles au phénomène, voire non argileux. Ceci pourra être mis en évidence à l'occasion d'investigations géotechniques spécifiques, par exemple en prévision d'un nouveau projet d'aménagement (d'où l'intérêt des études de sols avant construction).