Sol argileux craquelé

Les terrains argileux superficiels peuvent voir leur volume varier à la suite d'une modification de leur teneur en eau, en lien avec les conditions météorologiques.

Ils se « rétractent » lors des périodes de sécheresse (phénomène de « retrait ») et gonflent au retour des pluies lorsqu’ils sont de nouveau hydratés (phénomène de « gonflement »).

Ces variations sont lentes, mais elles peuvent atteindre une amplitude assez importante pour endommager les bâtiments localisés sur ces terrains.

Le phénomène de retrait-gonflement des argiles engendre chaque année des dégâts considérables, indemnisables au titre des catastrophes naturelles. La grande majorité des sinistres concerne les maisons individuelles.

Effets & conséquences

Manifestations des désordres

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Les mouvements de terrain induits par le retrait et le gonflement des argiles se traduisent principalement par des fissurations en façade des habitations, souvent obliques, et passant par les points de faiblesse que constituent les ouvertures.

Les désordres se manifestent aussi par des décollements entre éléments jointifs (garages, perrons, terrasses), ainsi que par une distorsion des portes et fenêtres, une dislocation des dallages et des cloisons et, parfois, la rupture de canalisations enterrées (ce qui vient aggraver les désordres car les fuites d’eau qui en résultent provoquent des gonflements localisés).

Maison fissurée en raison des mouvements de terrain induits par la rétractation et le gonflement du sol argileux. © BRGM

Les désordres survenant pendant une sécheresse intense sont dus aux tassements différentiels du sol de fondation, pouvant atteindre plusieurs centimètres.

Ils résultent des fortes différences de teneur en eau au droit des façades (zone de transition entre le sol exposé à lʼévaporation et celui qui en est protégé) et, le cas échéant, de la végétation proche.

Lʼhétérogénéité des mouvements entre deux points de la structure va conduire à une déformation pouvant entraîner la fissuration, voire la rupture de la structure. La réponse du bâtiment sera fonction de ses possibilités de déformation.

Vulnérabilité de l'habitat individuel

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Les constructions les plus vulnérables sont les maisons individuelles. Plusieurs raisons expliquent l'incapacité de ce type d'habitat à supporter les distorsions générées par le mouvement du sol provoqué par le retrait-gonflement des argiles :

  • la structure des bâtiments, légers et peu rigides ;
  • des fondations souvent superficielles (en comparaison à celles des immeubles collectifs) ;
  • l'absence, dans la plupart des cas, dʼune étude géotechnique préalable qui permettraient notamment d’identifier la présence éventuelle d’argile gonflante et de concevoir le bâtiment en prenant en compte le risque associé.

 

La "construction sinistrée type" est ainsi une habitation individuelle de plain-pied reposant sur des fondations inadaptées et avec présence d'arbres à proximité.

Les maisons construites sur des terrains en pente ou un sous-sol partiel, dont les fondations présentent des différences d’ancrage d’un point à un autre de la structure, sont encore plus sensibles.

Maison fissurée à cause de la retractation et du gonflement de l'argile (Pas-de-Calais, 2003). © BRGM - P. Burchi

Un phénomène aux conséquences coûteuses

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Depuis la vague de sécheresse des années 1989-91, le phénomène de retrait-gonflement (mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols) a été intégré au régime des catastrophes naturelles. A ce titre, les dommages qui lui sont attribués sont susceptibles d'être indemnisés par les assureurs.

Sur la période de 1989 à 2018 : 

  • le coût des indemnisations des sinistres liés au phénomène de retrait-gonflement des argiles a été évalué à 12,3 milliards d'euros par la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), ce qui fait de la sécheresse la deuxième cause d'indemnisation au titre des catastrophes naturelles, après les inondations ;
  • plus de 10 000 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle sécheresse, soit près de 29 000 arrêtés.

 

Au cours de l'été 2018, près de 5 200 communes ont demandé une reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle du fait du retrait-gonflement des argiles, ce qui représente plusieurs dizaines de milliers d'habitations sinistrées.

Estimé à 16 700 €, le coût moyen d’indemnisation d’un sinistre consécutif au phénomène de retrait-gonflement des argiles est le plus élevé des garanties dommages.

Derrière ce coût moyen, les coûts d'intervention peuvent s’avérer très variables en fonction des situations.

Dans certains cas, la cause principale des désordres (par exemple, un arbre trop proche) peut être supprimée à moindre frais et les fissures rebouchées avec un enduit souple dès lors que l’état hydrique du sol a retrouvé son équilibre.

Dans de nombreux cas cependant, des reprises en sous-œuvre par micro-pieux sont nécessaires. Les coûts d'intervention peuvent alors se chiffrer à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Enfin, dans les rares cas extrêmes où le coût de confortement dépasse la valeur de la construction, des démolitions peuvent avoir lieu.