Quelles sont les actions les plus efficaces qu’un élu peut mettre en œuvre pour développer la culture du risque sur son territoire ? Des maires de communes ayant déjà eu à gérer des catastrophes par le passé ou des experts du sujet ont accepté de partager ici leurs conseils et bonnes pratiques.

Interview de Laurent Huger, maire de l’Aiguillon-la-Presqu’île, en Vendée. Ce territoire, qui regroupe les anciennes communes de L’Aiguillon-sur-Mer et de La Faute-sur-Mer, a été dévasté en 2010 par la tempête Xynthia. Parmi les mesures prises pour que cela ne se reproduise pas : l’animation régulière d’un réseau de proximité d’informations, et le maintien d’un lien étroit entre ce réseau et les services de secours.

Vidéo de l’interview de Laurent Huger, maire de l’Aiguillon-la-Presqu’île.

Qu'est-ce que la culture du risque?

C'est à la fois la mémoire, le scientifique qui donne ses données, c'est celui qui a vécu qui donne souvent le bon sens. Et puis, à vous, après, d'avoir une vision. Ça passe par l'urbanisme, savoir construire, différemment, sur un territoire dont on sait qu'il est exposé au risque, accepter l'idée même de reculer, de déconstruire. C'est écrire, entre guillemets, le mode d'emploi et puis aussi s'entraîner à vivre ce mode d'emploi.

Qu'est-ce qu'un citoyen acteur de sa propre sécurité?

Savoir exactement là ou il vit d'abord dans quel environnement. Pas oublier qu'on est simplement invité de cet environnement. Que l'environnement a des règles. Et la preuve, c'est que les règles changent. On a même beaucoup de mal à les apprécier.

Il faut être très à l'affut de ce qui se passe, s'informer et savoir quel est le comportement à avoir en cas de pépin. Un citoyen acteur de sa propre sécurité, c'est un citoyen responsable, de lui et des autres, de ne pas garder pour lui ce qu'il doit faire en cas de pépin.

Et de même, un propriétaire doit expliquer à son locataire ce qui pourrait se passer, un notaire, un agent immobilier, est un citoyen qui doit expliquer qu'il est en train de vendre une maison dans un endroit exposé au risque. Il faut qu'il l'assume.

Que conseilleriez-vous aux élus?

Pour être le plus ciselé possible, avant et pendant, il faut à la fois avoir son plan communal de sauvegarde, qui est répété, souvent. Il faut avoir des élus qui sauront doubler, tout le temps pour le même poste. Il faut très très vite avoir la sauvegarde, qui elle, pourra, enfin ce sont des citoyens qui pourront être à la manœuvre de façon bénévole et vous aider. Mais surtout, tout ça ne fonctionne que si vous avez un réseau de proximité d'informations, un réseau de citoyens de proximité d'informations, que nous appelons réseau de vigilance. Or, moi, je leur dis aujourd'hui, vous pouvez savoir où sont les gens les plus fragiles, si vous créez un réseau de vigilance.

Et ça veut dire que si vous mettez ça en place, vous avez aussi au centre opérationnel, des gens qui sont là pour recevoir cette information. Si vous n'avez pas anticipé cette équipe qui reçoit les informations, ça va être un capharnaüm sur les lignes téléphoniques qui seront peut-être coupées. Donc il faut aussi avoir des relais satellites. C'est ce qu'on a nous.

Quel message auriez-vous à faire passer?

Pour ce qui est indispensable, c'est qu'on envisage le retour d'expérience intercommunale. C'est-à-dire que généralement, ce n'est pas une commune qui est touchée, c'est une ou deux communes. Donc ça veut dire qu'il faut envisager un périmètre un peu plus large que la commune ou les trois communes du coin.

Parce que souvent la base arrière des secours viendra des communes qui sont un peu plus éloignées. Quelles sont les capacités de ces communes à vous aider.
 

 

 

Alban Bruneau, maire de Gonfreville-l’Orcher, en Seine-Maritime, et président de l’Association nationale des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris), insiste dans cette vidéo sur la formation à la gestion de crise de l’ensemble des acteurs du territoire (citoyens, élus, techniciens…). Cela contribue à leur rappeler que le risque zéro n’existe pas et qu’il vaut mieux s’y préparer. 

Vidéo de l’interview d’Alban Bruneau, maire de Gonfreville-l’Orcher, en Seine-Maritime, et président de l’Amaris.

Qu'est-ce que la culture du risque? 

Il y a souvent le débat dans notre association: culture du risque ou culture de la sécurité. En fait, c'est ce que le citoyen, les techniciens, les élus soient formés et préparés à faire face à une crise, quelle qu'elle soit.

Alors l'Association des maires pour la maîtrise des risques majeurs s'intéresse plus particulièrement aux risques technologiques. Mais on a ce devoir parce que le risque zéro n'existant pas, on a ce devoir de se préparer à faire face à une crise.

Et plus on est préparé, mieux on y fait face. 

Pourquoi faut-il agir maintenant?

J'ai en mémoire l'événement de Lubrizol sur la métropole de Rouen. J'ai en mémoire l'événement de Toulouse avec l'entreprises à AZF. On voit que c'est des événements qui peuvent avoir des conséquences graves sur la vie humaine d'abord et puis sur tout un territoire.

Pourquoi est-il important de partager avec la population?

Lorsqu'on est en gestion de crise, et ça, c'est les secours qui savent très bien ça, il ne  faut surtout pas ajouter de la crise à la crise. Et donc pour ne pas ajouter de la crise à la crise, il vaut mieux que les populations soient préparées, que les acteurs du territoire soient préparés, que les acteurs du territoire se connaissent afin d'agir au mieux avec efficacité pour limiter l'impact de ces événements. 

Qu'est-ce qu'un citoyen résilient? 

Plus le citoyen est informé, connaît les risques, connaît la conduite à tenir, plus le citoyen devient acteur et donc utile sur le territoire ou sur les populations. Et donc, bien évidemment, lorsque le citoyen est aguerri, il devient nécessairement acteur. 

Pouvez-vous nous citer un exemple d'action de sensibilisation? 

Il y a un volet à mon sens important pour se préparer et se prémunir et faire face à des événements majeurs, c'est la question de la formation. Et faire des formations collectives qui s'adressent à l'ensemble des acteurs du territoire, des élus locaux, des techniciens de ces communes et des techniciens de l'intercommunalité, des moyens de secours de l'État, des industriels. Ça permet de connaître les personnes. Et puis aussi d'avoir une connaissance des moyens que l'on pourrait mobiliser à l'occasion d'un événement pour y faire face. 

Quelles sont pour vous les actions les plus efficaces en matière de prévention du risque?

Je sais que de nombreuses communes développent déjà ça, mais il y a simplement pour les communes, le fait de créer une réserve communale de sécurité civile, une réserve communale qui sert de faire vivre tout au long de l'année en menant des actions de sensibilisation, qui se sentent un peu plus concernées et d'aller vers la population et de mener régulièrement des exercices et des informations simples, lisibles, efficaces.

 

 

Interview d’Olivier Peverelli maire de Le Teil, commune ardéchoise frappée par un séisme en 2019. Pour lui aussi, il est primordial d’entretenir la mémoire des événements passés et de mener régulièrement des actions qui, en plus de former la population, lui rappelle que cela peut arriver de nouveau.

Vidéo de l’interview d’Olivier Peverelli, maire de Le Teil.

Qu'est-ce que la culture du risque? 

Nos anciens connaissaient les caprices de la nature. Quand il y avait tel vent qui soufflait, ça pouvait amener telle catastrophe. Et donc, la culture du risque, c'est ça: c'est se rappeler qu'on vit dans un monde où on peut très bien vivre, mais il faut se préparer à des événements climatiques qui peuvent être très dangereux.

Pourquoi est-il important de partager avec la population?

Il y a les élus, bien sûr. C'est notre rôle. On a des obligations dans ce domaine, il faut les mettre en œuvre.
Mais une des premières obligations, je veux dire morale, c'est celle de travailler avec les habitants autour de ces notions de risques. On a intégré la prévention routière, mais il existe tous les autres risques. Et cela, il faut s'habituer à vivre avec.

Qu'est-ce qu'un citoyen résilient? 

Un citoyen résilient, il est conscient d'une crise qui peut arriver et il partage des réflexes. S'il y a une inondation, éviter de sortir... Et pour ça, ça demande de la prévention. 

Pouvez-vous nous citer un exemple d'action de sensibilisation?

On a une porte que nous fermons pour éviter que l'eau s'engouffre dans un quartier et une fois par an, avec les riverains, nous essayons la porte et nous invitons les riverains à voir comment ça fonctionne, même si ce n'est pas eux qui mettent en œuvre. Ils sont présents à nos côtés et on rappelle à tous que ça peut arriver. 

Pourquoi faut-il agir maintenant? 

La préparation, elle se fait sur un temps calme. C'est pour ça que c'est important de s'y préparer maintenant, parce qu'on va s'apercevoir qu'on n'est pas vraiment prêts. On l'est dans notre tête mais on n'est pas dans nos actes. De se préparer à un risque, ça ne le fait pas arriver, ce n'est pas comme cela que ça marche. Par contre, ça permet vraiment de pouvoir l'atténuer. 

Quel message auriez-vous à faire passer?

Il y a un point qui me semble essentiel, c'est la communication de crise. Nous, on l'a fait pendant le séisme, plusieurs fois par jour, on faisait un point avec la presse, avec les médias, sur les réseaux sociaux.
Et toute la population, tous les habitants étaient informés qu'il s'était passé ça depuis la veille, on avait résolu tel problème, on avait découvert tel autre problème, ça, on ne savait pas comment le régler... mais au moins, il n'y a pas, il y a beaucoup moins d'interprétations. Ça rassure en partie. Ça évite aux gens aussi de se déplacer pour aller voir. Parce que du coup, ça entrave les secours. Et donc, cette notion-là de relation avec la population, elle est majeure.
 

 

 

Interview de Judith Laborieux, adjointe au maire du Lamentin (Martinique), en charge notamment de la sécurité. Ce territoire étant concerné par de nombreux risques (cyclones, séismes, inondations…), des journées d’exercices y sont organisées plusieurs fois par an dans chaque quartier. L’enjeu est de former le maximum d’habitants à la culture du risque, d’actualiser leurs connaissances et d’en faire des citoyens résilients.

Vidéo de l’interview de Judith Laborieux, adjointe au maire du Lamentin, en charge de la sécurité, de la réglementation et de la prévention de la délinquance.

Pouvez-vous résumer en quelques mots votre retour d’expérience communal face aux risques majeurs ?

On va acquérir une culture du risque au fil des événements. Alors quand on va sur des territoires où il y a eu le passage de Cyclone ou d’un ouragan, c'est là qu'on prend la tape et qu'on réalise que si ça arrive chez nous, quelque part, nous ne sommes pas prêts. Et je pense que c'est ça qu'il faut qu'on montre à la population les dégâts que cela peut amener, autant des dégâts physiques et des dégâts psychologiques que ça amène chez nos amis de la Caraïbe. On devient tout petit et on se dit si ça arrive chez moi, qu'est-ce qu'on fait. Avec toute la préparation qu'on a, tout ce qu'on fera comme préparation, comme prévision, comme prévention ? On ne peut jamais dire comment l'homme va réagir. 

Quels conseils formuleriez-vous à vos pairs et aux populations pour se préparer à faire face à d’éventuels catastrophes ?

    C’est en se préparant à inculquer au niveau scolaire, à nos enfants, en préparant avec eux des kits de survie à la maison, donc le kit familial de survie, en leur donnant des consignes, en donnant à nos enfants des consignes de rassemblement, de points de rencontre en cas de tremblement de terre ou en cas de catastrophe pour que la famille puisse se réunir. Je pense que déjà ça, c'est déjà quelque chose d'important. Et il faut dire aussi à la population qu'en cas de tremblement de terre ou en cas de catastrophe, quel que soit le risque, il faut qu'ils restent là où ils sont et ne pas prendre la voiture à tout prix. Parce que prendre la voiture à tout prix, c'est bloquer les secours, c'est bloquer l'aide qu'on peut vous apporter. La base, c'est préparer vos kit de survie. 

Pourquoi y a-t-il urgence à agir maintenant selon vous ?

Aux Antilles, on a de plus des années. Peut-être qu'au niveau national, ils agissent maintenant parce qu’ils sont confrontés à ce que nous, on est confronté depuis 30 ans. Et je pense que c'est pour ça qu'aujourd'hui on essaie de faire que les gens au niveau national et européen et le niveau de prévention et de résilience qu'ont les Antillais. 

Quelles sont vos principales actions en matière de prévention des risques et de développement de la culture du risque auprès de vos administrés ?

La principale action, c'est quand nous sommes arrivés au fil du temps à faire comprendre à nos populations, après avoir pris notre bâton de pèlerin pour aller dans chaque quartier, se dire qu'on a un plan de sauvegarde communal qui est déjà fait par PC de quartier. Dans chaque quartier, nous mettons une équipe de réservistes. Donc cela signifie qu'aujourd'hui, nous sommes à 250 réservistes sur Le Lamentin et il le veut de Monsieur le maire, c'est qu'on arrive à 700 parce que nous avons 70 quartiers et sous quartiers. Et si dans chaque quartier, sous quartier, nous arrivons à mettre dix bénévoles du quartier en formation et au travail, le territoire lamentinois sera couvert en cas de tremblement de terre, en cas d'absence de la gouvernance. Les réservistes qui sont sur les quartiers pourront être travailler en autonomie. 

Pour vous que signifie « culture du risque » ?

La culture du risque, c'est savoir dans là où on habite. Pour moi, là où vous habitez, c'est de savoir ce que vous avez comme risque, ce qui peut vous impacter ? Avoir la connaissance du risque que ce soit inondation, tremblements de terre et que l'impact que ce risque peut avoir sur vous en tant qu'habitant dans un secteur bien précis. 

Citoyen – acteur de sa propre sécurité et prévention, ça veut dire quoi ? »

C'est celui qui, sous son quartier, devient réserviste et va aider les autres, qui connaît très bien son quartier et qui connaît très bien la population au niveau de son quartier, qui va aider les autres. Le citoyen acteur, c'est celui qui prend conscience qu'il faut qu'il soit, qu'il se prépare lui-même d'abord et ne pas attendre sur la municipalité ou sur les autres, avoir son kit de survie, savoir ce qu'il fait. Comment sécuriser sa maison. Et puis être citoyen acteur de sa propre sécurité, c'est aussi écouter les consignes qu'on vous donne et les respecter.

 

 

Christian Kert, président de l’Association française pour la prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT), souligne l’urgence d’adopter une culture du risque : « Il y a un dérèglement tel qu’une commune peut brutalement, alors qu’elle n’avait pas connu d’incident grave, connaître une catastrophe naturelle. »

Vidéo de l’interview de Christian Kert, président de l’AFPCNT.

Qu'est-ce que la culture du risque? 

La culture du risque, c'est simple. Il faut revenir à l'origine. L'étymologie de culture. Ça veut dire quoi? Ça veut dire partager, ça veut dire habiter. Et la culture, au sens général du terme, c'est le partage, c'est l'évolution, c'est l'exemplarité.

Parce que le risque, il a besoin, comme d'autres domaines, de l'activité humaine. Il a besoin de se référer à une culture générale qui est celle du risque qui doit pénétrer tous les foyers, en France. 

Pourquoi est-il important de partager avec la population?
 
Le citoyen dans la société française, dans la société en général, il est forcément acteur. Là dans le domaine précis, il faut qu'il devienne acteur de sa propre responsabilité. Il doit être acteur de sa propre sécurité, j'allais dire même de sa propre liberté.

Comment peut-on y arriver? Par la formation, par l'information et par la volonté individuelle, bien entendu. Ce qui fait du citoyen, cet être responsable. 

Que conseilleriez-vous aux élus? 

Il faut qu'un élu local comprenne bien maintenant que nous sommes face à un changement climatique et qu'il y a un dérèglement tel, que telle ou telle commune peut brutalement, alors qu'elle n'avait pas connu d'incident grave, peut connaître une catastrophe naturelle. 
Les élus locaux, ils vont avoir besoin de nous, de l'AFPCNT, comme d'autres instances, comme des services du ministère, parce qu'ils vont devoir désormais faire appel à la volonté de leurs concitoyens et ils doivent leur donner les outils de cette responsabilité.

J'ai eu l'occasion, dans une conférence de dire à une assemblée d'élus: vous êtes en quelque sorte des bergers dans votre société. Et ce que je trouve passionnant dans la mission que nous conduisons à l'AFPCNT, c'est que nous devons aider, dans les années qui viennent, les élus à être ces bergers de la prévention, de la résilience et de la sécurité. 

Pourquoi faut-il agir maintenant? 

Il y a une urgence à agir aujourd'hui, mais je dirais qu'il y a une urgence depuis longtemps à agir. Et jusqu'à présent, les outils que nous utilisions étaient des outils d'hier.

Et là, maintenant, ce que nous allons réaliser ensemble, c'est effectivement: répondre à cette urgence qui est une urgence nouvelle qui est à certains égards imprévisible. Et nous sommes dans une telle société qu'on ne peut pas laisser ce caractère imprévisible sans chercher à y répondre.

Quelles sont pour vous les actions les plus efficaces en matière de prévention du risque?

Il faut que ce soient des actions très déconcentrées, très décentralisées, des actions au plus près de la vie quotidienne. Je mettrais un accent fort sur la pédagogie, sur l'effort, en direction des enseignants d'abord, et des élèves, bien entendu.

Et puis, il faut trouver, me semble-t-il, des outils de communication de proximité nouveaux, pour aller au devant de la société française qui a besoin de cet effort. Et c'est probablement l'un des messages les plus forts que nous allons devoir passer.
 

 

 

Frédéric Courant, journaliste scientifique qui a présidé en 2021 la Mission sur la transparence, l’information et la participation de tous à la gestion des risques majeurs, technologiques ou naturels (document à consulter via ce lien), le rappelle : la culture du risque, ce n’est pas seulement connaître les bons réflexes à adopter face à une catastrophe, c’est aussi et surtout une question d’anticipation.

Vidéo de l’interview de Frédéric Courant, journaliste et animateur de L’Esprit Sorcier.

Qu'est-ce que la culture du risque?

Moi, je pense que la culture du risque, sincèrement, ça ne se limite pas à connaître quelques bons réflexes quand il y a un séisme, à se mettre sous la table et tout... Bien sûr qu'il faut connaître, mais il faut d'abord comprendre où on vit, dans quel environnement, et il faut connaître le contexte.

Je pense qu'il faut raconter l'histoire, si j'ose dire, dans son ensemble. La culture du risque, c'est vraiment anticiper sur les risques. C'est penser différemment nos territoires. Et puis, c'est aussi des gestes au moment où se produit la catastrophe.

Qu'est-ce qu'un citoyen acteur de sa propre sécurité ?

On vit tous sur des territoires à risque et il ne faut pas le nier. Face à ça, la première des choses, c'est quand même de savoir comment on agit: pour soi, pour les autres, au moment où se passe la catastrophe, mais bien avant. Ça sert à rien de se voiler la face.

Quelles sont pour vous les actions les plus efficaces en matière de prévention du risque ? 

Au niveau de la population, au niveau du grand public, je sais qu'en France on a souvent tendance à l'oublier, l'essentiel: c'est les enfants. Dès l'école primaire, il faut raconter plein d'histoires aux enfants et leur apprendre. Pourquoi? Parce que d'abord, les enfants sont des vrais éponges qui apprennent très très bien, qui deviennent en plus de ça, de très très bons messagers, de très bons passeurs: à leurs copains, à leurs parents. Ils sont écoutés en termes de prévention des risques: les enfants, c'est essentiel.

Que conseilleriez-vous aux élus?

Les élus sont indispensables pour diffuser la culture du risque parce qu'ils sont très proches de la population, de leur population. Par contre, on est très très conscient que c'est un sujet qui est délicat, qui n'est pas simple à aborder.

C'est toujours entre la protection des risques, les questions d'environnement, les enjeux économiques, des choix à faire. Avec tout ce dispositif qui est en train de se monter. On est là, pour les aider. C'est le seul objectif: essayer de leur donner des outils pédagogiques, des formations et les accompagner le plus possible, pour qu'ils arrivent à accomplir cette tâche qui est essentielle et qui, de toute façon leur revient. Parce qu'encore une fois, c'est eux qui ont la légitimité de parler de ça, parce que c'est sur leur territoire.

Pourquoi faut-il agir maintenant?

Il y a toujours eu urgence à agir par rapport aux catastrophes. Peut-être qu'on a été moins sensible à ça, parce qu'il y en avait moins sur notre territoire. L'aléa, de toute façon, il sera là. Vous n'allez pas arrêter comme ça d'un seul coup, une énorme tempête. Ça c'est pas possible. 

Essayons par contre d'en atténuer les risques, ça c'est possible: par des constructions, de l'urbanisme, une réflexion sur l'environnement, ça c'est possible. Essayons, nous en tant que citoyens aussi, de se dire: peut-être je ne vais pas construire ici, ou peut-être que ma maison je pourrais davantage la construire comme ceci. 

Aujourd'hui, ça devient une priorité. On sort d'un été un peu turbulent, si j'ose dire. Donc je pense que tout le monde en a conscience.

 

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